Jean Ziegler a bien connu Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir dans sa jeunesse qui lui ont conseillé de franciser son prénom pour se faire un nom à Paris. Il en a gardé la leçon politique majeure des fondateurs de la Gauche prolétarienne : « il ne faut jamais désespérer Billancourt », c’est-à-dire les ouvriers des usines automobiles qui luttaient pour leur conditions de travail.
C’est cet optimisme invétéré qui guide sans relâche ses « combats gagnés, parfois perdus, mais que nous remporterons ensemble », comme aime à le souligner le sociologue suisse désormais retiré de l’université, mais toujours sur le front aux Nations Unies, où il mène ses derniers combats depuis quinze ans.
« J’entends armer les hommes et les femmes de bonne volonté », écrit-il dans son seizième et dernier livre Chemins d’espérance (Ed. du Seuil), tout juste paru. Une œuvre « de combat », car la plume « peut aider à démasquer l’ennemi, à libérer les consciences, à semer le vent », précise-t-il. Il y raconte l’urgence de dénoncer « l’ordre cannibale du monde », qui tue par la faim, chaque seconde, des enfants sur la planète, rappelant au passage qu’il fut Rapporteur spécial des Nations Unies pour de droit à l’alimentation.
Dans cet entretien exclusif, Jean Ziegler nous raconte ici ses luttes, comment il a choisi la voie de « l’intégration subversive » au sein des institutions - l’université, le Parlement suisse et enfin l’ONU – pour mener sa mission de « bolchévique qui croit en Dieu », avec les risques de l’exercice. Aujourd’hui Jean Ziegler est membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies.
Interview et photos : Jean Musy
Réalisation technique : Cyril Cailliez |
Jean Ziegler
© Jean Musy (2017)
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