Andreï Kourkov est sans doute l’un des écrivains ukrainiens les plus lus hors de son pays. En préfaçant L’Ange blanc, Les enfants de Tchernobyl sont devenus grands (Ed. Noir sur Blanc) du jeune et talentueux photographe suisse Niels Ackermann, il nous révèle combien « Slavoutych, la ville qui a survécu à son rêve », construite à cinquante kilomètres du lieu de la catastrophe nucléaire pour loger les ouvriers chargés du confinement, puis du démantèlement de la centrale, est un reflet de la société postcommuniste.
La cité cristallise l’utopie d’un monde nouveau et l’oubli d’un passé proche, dont on cherche à se débarrasser à tout prix. N’est-ce pas la parabole de l’Ukraine d’aujourd’hui ? Comment le pays se reconstruit-il depuis la fin de l’Union soviétique à la Révolution orange, de l’EuroMaïdan à la sécession du Donbass ? Kourkov, écrivain russophone, mais polyglotte, nous livre ici, en français, une analyse lucide et sans complaisance de la réalité des Ukrainiens, comme leur perception de la perte de la Crimée.
Côté littéraire, son regard, nous confie-t-il, a perdu un peu de cet humour qui était son arme de résistance sous l’ère soviétique. Reste qu’avec son dernier livre paru en français, Le concert posthume de Jimi Hendrix, thriller baroque et surréaliste, Kourkov met le doigt sur cette humanité qui force l’absurdité du monde, le sourire sous la plume.
Rencontre exclusive avec l’auteur au salon du livre «Sur les Quais», à Morges (Vaud), en septembre 2016.
Interview et photos : Jean Musy
Réalisation technique : Cyril Cailliez |
Andreï Kourkov
© Jean Musy (2016)
|
