Vingt-trois ans après le génocide des Tutsi au Rwanda, «seuls trois procès ont eu lieu en France» pour juger de présumés génocidaires réfugiés dans l’hexagone, nous rappelle le journaliste Patrick de Saint-Exupéry, auteur de plusieurs ouvrages qui font autorité en la matière. La responsabilité des hommes politiques français engagés dans le gouvernement de cohabitation de 1994, sous la présidence de François Mitterrand ne fait pas de doute, mais aucun ne veut le reconnaître. Leurs noms : Juppé, Balladur, Védrine, etc., pour n’en citer que quelques-uns. Que cache ce silence ?
Pourquoi les archives ne sont-elles pas disponibles en France ? Qu’est-ce qui a poussé les grands médias à admettre la raison d’état défendue par le juge Bruguières, en charge du dossier du crash du Falcon présidentiel rwandais piloté par deux français, qui a déclenché les massacres ? Pourquoi le même juge recourrait-il aux services de traduction d’un ancien responsable des renseignements du dictateur Habyarimana dans son enquête, sans que personne ne s’en étonne ? «Sept cents soldats français ont été présents au Rwanda de 1990 à 1993», nous rappelle Patrick de Saint-Exupéry. Leur mission : seconder et entraîner l’armée et les milices, futures responsables du génocide. Or «les politiques se taisent, quand les militaires portent le chapeau», s’étonne notre confrère. Combien de temps encore ?
Interview exclusive avec Patrick de Saint-Exupéry, ancien journaliste au Figaro et directeur de la revue XXI.
Interview et photos : Jean Musy
Réalisation technique : Cyril Cailliez
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Patrick de Saint-Exupéry
© Jean Musy (2017)
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