A l'occasion de la vingt-cinquième commémoration du génocide des Tutsi au Rwanda, Clés de Lecture reçoit Guillaume Ancel, auteur de "Rwanda, la fin du silence, Témoignage d'un officier français" paru aux éditons Les Belles Lettres, en 2018. Cet ancien gradé, formé à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, a participé en juin 1994 à l'Opération Turquoise, comme chargé du guidage rapproché des frappes aériennes.

Pour lui, il ne fait pas de doute, l'intervention militaire française soutenue au plus haut niveau de l'Etat avait pour but de soutenir le gouvernement rwandais responsable du génocide, alors en pleine déroute. Tour était prêt pour combattre les troupes du Front Patriotique Rwandais (FPR) de Paul Kagame. Ce n'est qu'in extremis, suite à un accord secret entre la France et le FPR, que l'Opération Turquoise a changé de nature. Guillaume Ancel confirme son témoignage sur Radio Zones et nous raconte cet historique moment où tout a basculé devant lui.

Pour mémoire, rappelons qu'au moment des faits François Mitterrand est Président de la République française, Edouard Balladur, Premier Ministre, Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, François Léotard, ministre de la Défense et Hubert Vedrine, Secrétaire général de l'Elysée. Leur silence sur les événements racontés ici, comme la réticence des dirigeants français actuels à ouvrir complétement les archives d'Etat en dit long sur le rôle trouble de la France à l'endroit des responsables du génocide des Tutsi, dont un membre du gouvernement intérimaire et son adjoint sont reçus à Matignon et à l'Elysée en plein massacres. "A titre privé", précisera-t-on plus tard, officiellement, côté français.

Interview : Jean Musy
Réalisation technique : Cyril Cailliez