À l’heure où le Parlement suisse rend hommage en ce début mai à la première femme conseillère fédérale, Elisabeth Kopp, décédée le 7 avril dernier suite à une longue maladie, la vérité voudrait que l’on revienne sur « l’affaire Kopp ». Notamment le contexte politique et les scandales qui ont entouré la démission de l’ancienne ministre du Département Fédéral de Justice et Police (DFJP) en décembre 1988, au moment où elle s’apprêtait à devenir vice-présidente de la Confédération.
La droite conservatrice suisse cherche à en faire aujourd’hui une victime des médias et une égérie du féminisme. Il n’en est rien. La charge ministérielle impose une responsabilité majeure dans le traitement des tâches de l'État et un sens aigu de prévention de tout conflit d’intérêt, au nom de la confiance reçue de ses administrés.
Petit rappel des faits : alors qu’une vaste enquête de police met en évidence des liens compromettants entre plusieurs trafics de drogues et des sociétés qui les financent, des noms apparaissent et font tilt dans la tête de hauts fonctionnaires de police fédéraux. Oui, Hans W. Kopp, avocat notoire, colonel responsable du service de propagande de l’armée suisse et par ailleurs époux de la ministre du DFJP, y apparaît. Une conseillère de la ministre en est avertie. Elle en informe derechef sa patronne. Celle-ci téléphone aussitôt à son mari qui démissionne immédiatement de ses fonctions dans la société incriminée. Par la suite, Elisabeth Kopp fera porter le chapeau du téléphone à ses collaboratrices. C’est le début du scandale.
Mais que révélait ce rapport de police ? Pourquoi ces hauts fonctionnaires ont décidé d’avertir les médias, car pour eux « trop c’était trop » ? Pourquoi le Procureur de la Confédération Gerber est tombé avec l’affaire Kopp ? Quel rôle jouaient certaines banques connues dans ce grand brassage d’argent sale ? La justice suisse a-t-elle fait son travail ? Et après ? Pourquoi les services secrets américains étaient-ils si présents en Suisse et aussi pressants avec les autorités helvétiques ?
Rencontre avec Frank Garbely, journaliste d’investigation suisse, co-auteur avec son confrère, Pascal Auchlin, du livre Contre-Enquête, Des faits incroyables, paru aux Editions Favre, à Lausanne, en 1990.
Voir également : Affaire Kopp - Histoire d’un scoop
avec Victor Fingal, le journaliste du Matin qui a révélé le scandale
Interview : Jean Musy
Technique : Cyril Cailliez |
Frank Garbely
© Jean Musy / 2023
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