Noël, sa crèche et ses santons, une tradition vivante et populaire comme en témoigne la fréquentation des salons de santonniers. Quelle surprise de découvrir dans une grande papeterie de la rive gauche de Genève qui en fait commerce, que toutes les pièces de la crèche ne sont pas accessibles. En effet, foin de la Vierge Marie enceinte ! « Nos clients sont choqués par cette représentation. Nous n’en proposons pas à la vente », nous confirme l’un des vendeurs.

Le catalogue de référence du magasin en présente pourtant bien un modèle. Sur internet il est possible d’en acheter, au point d’y trouver de vraies créations artistiques.

Cette réaction face à la représentation de la sainte maternité a une histoire. La peinture illustre la Vierge de l’Avent dès le XIIIème siècle. Mais après 1563 et suite au Concile de Trente qui ne l’interdit pas, des décrets en restreignent l’expression iconographique : les critères de décence s’imposent dans l’Eglise catholique...

Les crèches qui nous rappellent l’histoire de la naissance du Christ et l’arrivée des Rois Mages venus l’honorer, occultent ainsi depuis plus de quatre siècles, le très naturel épisode de la maternité de la Vierge, fécondée, rappelons-le, « par l’action du Saint-Esprit » (Matthieu, ch.1,18).

Le débat entre nature et culture est toujours d’actualité, y compris dans la cité de Calvin.

Reportage : Jean Musy